jeudi 20 juillet 2017

Le Pélion, la belle anomalie

AGIOS IOANNIS, Grèce.
Le Pélion (tous en chœur), "C'est loin mais c'est beau!" Plus exactement, c'est excentré malgré la proximité de cette région avec le grand axe routier Thessalonique-Athènes. Il faut en effet bifurquer vers Volos, la très peu remarquable cité portuaire, dont l'architecture insipide a l'excuse de dater d'après le terrible tremblement de terre de 1955, pour grimper à l'assaut d'un massif montagneux particulièrement abrupt. En 40 ans de voyages, nous avons vu des routes à lacets, mais celles du Pélion se distinguent. Ne comptez pas dépasser 20 km/h de moyenne vu la succession de virages aveugles, de villages étroits et de bitume incertain. Mais quelle récompense à l'arrivée. Cela commence par les villages à flanc de montagne comme Portaria, se poursuit par les paysages panoramiques de Hania, où se trouve un col à plus de 1 200 mètres d'altitude, et se conclut par la descente du versant Est de cette péninsule dont la végétation luxuriante contraste violemment avec le reste du pays. Au point que l'on se frotte les yeux pour vérifier que l'on n'a pas changé de contrée.

Explication: l'eau. Il y en  a partout! Cascades, fontaines et torrents, où que se pose l'œil. C'est qu'en hiver, le Pélion, du haut duquel on distingue par temps clair les "doigts" de la Chalcidique, se recouvre d'une épaisse couche de neige, une station de ski couronnant même l'un de ses sommets. Toute cette eau emmagasinée resurgit au printemps et à l'été, abreuvant noisetiers, châtaigniers et arbres fruitiers pour faire de cette zone une terre d'abondance ombragée. Les succulents fruits locaux se retrouvent sur les étals des marchands mais aussi dans des bocaux de confitures que nous avons raflé.
La dégringolade terminée, la côte orientale du Pélion ne réserve que de bonnes surprises, entre longues plages de sable ou de petits galets, criques secrètes et chemins de randonnée côtiers vertigineux. Basés pendant six jours dans la région d'Agios Ioannis, gros bourg en bord de mer Egée, nous avons apprécié le calme de ce lieu finalement assez protégé des hordes touristiques. Un seul regret, mais on ne peut pas lutter contre la géographie: pour voir le soleil sur la mer, il faut se lever tôt, et l'ombre de la montagne engloutit en fin d'après-midi les plages encaissées. Heureusement, le temps était avec nous, sauf à la fin, quand d'impressionnants orages ont encore davantage baigné le Pélion dans une humidité bénie des dieux de l'Olympe. Il va falloir revenir pour épuiser les charmes d'une région que nous avons finalement peu parcourue, la faute à ses épuisantes routes.

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